La chair crue
Vlanck voyait partout des morceaux succulents, laiteuses épaules, cuisses fraîches, décolletés lumineux, lèvres cerise, tendres rotondités si claires, nettes... La lumière du jour jaillissait tragique — boucherie des sens !... esthétique de la viande... Démesure. Excès.
Vlanck percevait la chair en soi, pure, crue, exempte de toute teneur humaine. Il était livré au règne de l’apparence, éprouvant de plein fouet l’épaisseur sensible des corps, la luminosité des peaux.
Toutes ces fraîches étudiantes le faisaient bander tout entier à mort… Il vivait dans une immense boucherie sensorielle… Il voudrait éclater, crever pour de bon dans le scintillement des chairs lumineuses…
...
Par une après-midi d’automne Vlanck croisa une jeune Anglaise dans les toilettes de la bibliothèque universitaire. Ses lèvres vermeilles étaient d’une fraîcheur saisissante, tout son corps débordait de volupté. Ils se regardèrent fixement, puis il écrasa ses lèvres sur la bouche de l’Anglaise qui l’ouvrit, lui donnant les délices de sa langue. Ils se précipitèrent dans les chiottes. Il lui arracha la petite culotte, et, la saisissant par les fesses, la soulevant contre le mur, il la pénétra sauvagement. Elle jouit dès les premiers coups de boutoir… Il se déchaîna en elle qui jouissait horriblement en éclatant d’un rire dément, atroce.
Elle avait les yeux révulsés, le visage en extase, le pelvis convulsé, et le buste pantelant d’ivresse déferlante.
S’immobilisant brusquement elle fixa un moment Vlanck au fond des yeux, et Vlanck se figea sous l’inquiétante vacuité de son regard neutre : elle se dégagea de son étreinte, et s’en alla doucement sans mot dire.
Son slip gisait sur le carreau, et Vlanck bandait furieusement.
Extrait de
La Chair crue qui s'illumine de Younisos
Disponible ici :
photo Gianni Casti |
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