La chair crue
Vlanck voyait partout des morceaux succulents, laiteuses épaules, cuisses fraîches, décolletés lumineux, lèvres cerise, tendres rotondités si claires, nettes... La lumière du jour jaillissait tragique — boucherie des sens !... esthétique de la viande... Démesure. Excès. Vlanck percevait la chair en soi, pure, crue, exempte de toute teneur humaine. Il était livré au règne de l’apparence, éprouvant de plein fouet l’épaisseur sensible des corps, la luminosité des peaux. Toutes ces fraîches étudiantes le faisaient bander tout entier à mort… Il vivait dans une immense boucherie sensorielle… Il voudrait éclater, crever pour de bon dans le scintillement des chairs lumineuses… ... Par une après-midi d’automne Vlanck croisa une jeune Anglaise dans les toilettes de la bibliothèque universitaire. Ses lèvres vermeilles étaient d’une fraîcheur saisissante, tout son corps débordait de volupté. Ils se regardèrent fixement, puis il écrasa ses lèvres sur la bouche de l’Anglaise qui l’ouvrit, lui do